Traduire / trahir les connotations dans la littérature de voyage : études de cas

عبد المالك الزوم
معهد الدراسات العربية – جامعة باريس 8
(فرنسا)

Résumé

Derrière la controverse sur le traduisible et l’intraduisible se profile le concept de la culture. Dans la foulée de ce débat, les implicites culturels, notamment dans les relations de voyage, ne sont pas dissociés du reste du récit, car pour Cordonnier, dans Traduction et culture : « Le langage est culture, et inversement, la culture est langage » (Cordonnier, 95 : 56). Bien avant lui, G. Mounin, (1963 :236), affirme que pour traduire une langue, deux conditions – sin quo non- sont nécessaires : étudier les langues étrangères et l’ethnographie. Les culturèmes relèvent alors de l’ordre cette seconde condition, puisque leurs sens ne sont ni dans le dictionnaire, ni dans la grammaire de la langue dont est écrit le texte.
Les désignateurs culturels, tels que les classe M. Ballard remplissent deux fonctions : préserver l’étrangeté ou le primat du sens. Ces lexicultures sont variables, d’après C. Wecksteen, et peuvent être des connotations, des noms propres, de noms de lieux, des expressions idiomatiques, etc.

A cela, Martinet ajoute que l’ : « on pourrait le (le culturème) paraphraser en disant que la culture n’est pas dans les dénotations, mais dans les connotations » (Martinet, 1989 : 1292).
Le terme « connotation » appartient au vocabulaire à tous les linguistes, styliciens et sémioticiens, mais sa définition reste floue. Marie-Noëlle Gary-Prieur, travaillant sur les connotations de point de vue littéraire, n’en trouve de sens qu’en l’opposant à la notion dénotation. La notion de connotations est dans ce sens-là l’équivalence, d’après elle, de la fonction référentielle du langage chez les logiciens.

La traduction arabe du récit de voyage Une Française médecin au Yémen de Claudie Fayein, est truffé de culturèmes et de situations culturelles propres à la culture source. Cette étude propose d’identifier les désignateurs culturels dans ce récit, de mettre l’accent sur l’origine des malentendus culturels dans la traduction de récit, et de proposer d’éventuelles techniques susceptibles de substituer à la pratique annexionniste une éthique d’ouvertude à l’Autre capable d’inclure l’Etranger dans les cultures d’accueil.

Mots-Clés : culturème, récit de voyage, malentendu culturel, connotations, étrangeté, sens.