Etude analytique et critique du guide du traducteur et du réviseur proposé par l’organisation arabe de traduction
بسمة بودهان
(الجزائر العاصمة)
Résumé
Cette étude se propose d’analyser un texte régissant la technique d’écriture lors d’une opération de traduction et de révision post-traduction, destiné aux traducteurs. Nous avons pris en effet comme corpus le guide du traducteur et du réviseur proposé par l’organisation arabe de traduction et plus précisément la partie qui dicte au traducteur la façon dont il doit transférer les noms propres vers l’arabe.
Le guide propose une longue liste de lignes directrices à suivre lors de toute opération traduisante, dont la méthodologie de la rédaction, le type de police, la taille de police, la ponctuation, etc. De surcroît, ce guide propose que le nom propre soit transcrit en lettres arabes (langue d’arrivée) et qu’il soit systématiquement suivi de sa transcription en langue de départ entre parenthèses.
A cet égard, si l’on se fie à cette proposition, il est fort possible d’avoir au final entre les mains un texte d’arrivée hybride, mêlant lettres arabes parsemées de lettres latines. Devant cet état de fait, nous nous sommes posé une question à la fois stratégique et d’ordre éthique, à savoir :
Par ailleurs, il n’est pas rare de tomber sur des noms propres qui, une fois transcrits, deviennent homophones en arabe. On peut citer comme exemple les deux noms de marques « Peugeot » et « bijou[1] » que l’on transcrit بيجو /bijou/ pour les deux. Ceci peut en effet générer des erreurs référentielles importantes.
Ce guide contient, par ailleurs, une annexe à la fin du document, subdivisée en quatorze parties traitant de la question de fidélité au fond et à la forme du texte original.
N’est-ce pas une dévalorisation du texte arabe que de faire appel aux lettres d’une autre langue à chaque fois que l’on transfert un nom propre ? Peut-on considérer cela un échec, une impuissance, ou encore une dépendance de la langue arabe à l’égard d’autres langues ? Ou est-ce une pratique qui n’est pas exclusive à celle-ci ?
En d’autres termes, le traducteur doit-il se positionner du côté de l’autre ou relever « des mots de sa tribu », pour reprendre une expression de Mallarmé (1877) ?
[1] Marque américaine de chaussures.
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KEYWORDS: traduction – nom propre – langue arabe – fidélité – public cible – éthique- prescriptivisme.
Biographie